
L’art-action communautaire : créer, revendiquer, transformer ensemble
Le premier jour du Forum Social Mondial des Intersections à Montréal a été marqué par une rencontre inspirante : celle de l’art-action communautaire. Pour Léon, notre responsable des programmes, ce fut une expérience marquante qui vient alimenter notre réflexion sur les formes de mobilisation citoyenne locales et créatives.
Cette expérience fait directement écho à un autre moment fort : notre participation cet été au Camp Climat 2025, organisé par Alternatiba et ANV-COP21. Lors d’une table ronde aux côtés d’ALDA, de Pas Sans Nous et de Justice Ensemble, nous avons abordé une question essentielle : comment construire une écologie vraiment populaire ?
Pour nous, l’art-action communautaire est une réponse concrète et inspirante. C’est une façon d’ancrer la mobilisation dans les territoires, de donner la parole à celles et ceux qu’on entend trop peu, et de faire collectif autour de luttes sociales et écologiques.
Une définition engagée de l’art-action communautaire
C’est l’association québécoise Engrenage Noir qui a ouvert le bal, en présentant sa démarche à travers une exposition à la Maison des Arts participatifs de Montréal et un atelier pratique auquel Léon a eu la chance de participer.
Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Selon Engrenage Noir, l’art-action communautaire est avant tout une approche permettant aux membres d’une communauté de s’exprimer, réfléchir et agir ensemble sur une situation injuste partagée, avec l’accompagnement d’un·e artiste et d’un·e intervenant·e communautaire.
Cette démarche s’inscrit dans le courant du community organizing, une méthode d’action sociale née aux États-Unis visant à construire des coalitions citoyennes. L’objectif ? Faire progresser la justice sociale et le bien commun. Engrenage Noir a notamment développé un programme phare : ROUAGE, entièrement dédié à l’art-action communautaire au Québec. En mettant les outils artistiques au service de l’action collective, ce programme donne une voix et une force politique à celles et ceux qui vivent les injustices au quotidien.
Le saviez-vous ?
Le community organizing est né à Chicago dans les années 1940. Popularisé par Saul Alinsky, il repose sur l’organisation locale, la mobilisation citoyenne et la construction d’alliances. Aujourd’hui, il inspire de nombreux mouvements pour la justice sociale, climatique et territoriale — dont PikPik, qui a déjà fait un premier pas dans cette direction au Camp Climat.
👉 Pour en savoir plus : Modules sur le “community organising” – Organisez-vous
Concrètement, comment ça marche ?
Dans une démarche d’art-action communautaire, plusieurs rôles sont mobilisés :
- les membres de la communauté locale concernée,
- des artistes,
- des animateur·ices communautaires formé·es à l’accompagnement.
Ensemble, ils co-créent une œuvre ou une action artistique qui devient un support de mobilisation. Cette approche permet notamment de :
- créer et renforcer les liens au sein de la communauté,
- porter des revendications politiques de manière collective et créative,
- visibiliser les réalités et les besoins des personnes concernées,
- offrir un espace d’expression aux individus les plus marginalisés, souvent autrement que par les mots.
Les thématiques abordées sont nombreuses : accès au logement digne, lutte contre la pauvreté, inégalités territoriales. Autant d’enjeux qui trouvent un écho direct dans nos actions chez PikPik.
Un exemple inspirant d’art-action communautaire : le rap des habitant·es de Verdun
Chez PikPik Environnement, cette approche nous touche en plein cœur. Elle résonne avec notre conviction que le changement commence localement, en redonnant du pouvoir d’agir aux citoyen·nes.
L’art-action communautaire nous montre qu’il est possible de :
- rendre l’écologie populaire, joyeuse et créative,
- réinvestir l’espace public comme un lieu de droits et d’expression,
- transformer les injustices sociales et écologiques en luttes collectives et solidaires.
C’est une évidence : nous allons intégrer cette démarche à la Maison d’Écologie Populaire de L’Île-Saint-Denis. Des projets d’art-action communautaire y verront le jour, inspirés par les outils pédagogiques et méthodologiques développés par Engrenage Noir.
Pour aller plus loin
- L’article de Léon Lamotte dans Le Journal des Alternatives
- Découvrir d’autres projets artistiques collectifs
- Voir les outils d’accompagnement proposés par Rouage
À suivre…
Dans le prochain épisode, cap sur les luttes portées par les jeunes et les femmes pour une transition juste. Nous découvrirons le puissant symbole de la chaise des générations, imaginé par le collectif Mères au front, et ses échos en France avec Front de mères.
Une réflexion essentielle sur la manière dont nos actions d’aujourd’hui façonnent le monde de demain… et sur les leviers concrets pour intégrer cette vision à nos mobilisations locales.